Poursuite 2 - 2011



Poursuite 2
Exposition des diplômés 2010,
de l'école des Beaux-arts de Nîmes




Catalogue d'exposition:





Textes de Antonia Birnbaum:


Seyrane Diplomat inscrit son travail dans une filiation avec Nan Goldin, Larry Clark, Antoine d’Agata. Faisant place à la présence intime des corps dans leur exposition photographique, elle traverse les paradoxes de «l’art intime», lequel ne voudrait être redevable ni à la forme, ni à l’authentique, mais à une «construction immédiate» de la vie. Comment produire une telle «construction immédiate» ? Seyrane Diplomat procède avec les contraintes du hasard, un objectif photographique, son regard fasciné par le charnel. 

Dans la série Parole de Paola, on touche au ressort de sa démarche. L’initiative entre modèle et artiste s’y trouve inversée ; Seyrane Diplomat est barmaid, elle est sollicitée par Paola, une serveuse, laquelle veut qu’elle la photographie. 

L’occasion est indifféremment celle d’une rencontre et celle d’un travail photographique. Car ni cette rencontre ni ce travail n’existe en dehors de ce qui les unit l’un à l’autre. Rendre impossible leur distinction, rendre impossible qu’ils restent ce qu’ils sont chacun pris à part, en dehors de leur agencement – un temps privé passé ensemble, une représentation de Paola –, voilà le paradoxe qui hante les images et les déborde. Si bien qu’à son tour, le spectateur ne sait pas si ce qui importe dans ce qu’on lui adresse est la rencontre ou l’image de celle-ci. Il voit un corps morcelé, installé dans son environnement domestique. Paola sans haut les cheveux recouvrant le visage, derrière elle son ami touche sa taille. Autre photo : les genoux et mollets de Paola nue avec un ours en peluche, au deuxième plan le haut de son corps dans une profondeur de champ incertaine ; elle tient une cigarette à la main. L’ensemble suggère la temporalité vague des moments qui glissent plutôt que l’effort d’une pose. 

Une autre série montre le compagnon de la photographe sous la douche. On voit des prises rapprochées d’un corps morcelé ruisselant d’eau : les pieds, un genou. Image du torse et d’une bouche ouverte : l’on ne sait pas si le corps prend plaisir à l’eau ou à une fellation. Comme en passant, les images induisent le voyeurisme sans s’y fixer. 

Seyrane Diplomat poursuit l’intime dans le portrait, ses images naviguent entre l’immédiat, la mise en scène et le sexe : elles charrient des blancs, et, à même ces blancs, un vagabondage errance XX.




Voici ma proposition : 







Et quelques autres vues de l'exposition :